Katherine Morrow : Réflexions sur le navire-mère Je suis arrivée au CRDI à la fin de l’année 1993, alors que j’avais une vingtaine d’années et que l’horloge démographique du siège affichait cinq milliards d’habitants. Mon premier poste a été celui d’assistante au sein des unités Publications et Audiovisuel, et mon dernier poste a été celui de chargée de communication au sein du Secrétariat Bellanet. Pendant les 10 années où j’y ai travaillé, le CRDI a pris une telle place dans ma vie que j’en suis venue à considérer le 250 Albert comme « le navire-mère », une station spatiale internationale faite de verre et de couloirs moquetés, où l’on trouve les meilleurs biscuits au thé de la galaxie. Avant d’entrer au CRDI, j’avais mené une existence sans but en travaillant pour une agence d’intérim et en effectuant des missions de courte durée dans les ministères fédéraux d’Ottawa et de Gatineau. En gros, j’étais un bac à papier secondaire dans l’énorme appareil de photocopie qu’était la bureaucratie du gouvernement fédéral dans les années 90. C’est donc probablement l’un des moments les plus chanceux de ma vie que d’avoir atterri au CRDI. Il y avait dans l’air du CRDI un sentiment d’utilité qui m’a réveillé et m’a fait prendre ma carrière plus au sérieux. Travailler au CRDI a été une formation en soi. J’ai appris l’essentiel de l’édition scientifique et de la production médiatique, et j’ai lu tous les livres que nous avons publiés en tant que correctrice. Mes patrons m’ont également encouragé à utiliser mes compétences en informatique pour participer à des projets liés aux débuts de l’Internet. Rétrospectivement, le travail que nous avons accompli était exceptionnel et novateur. Nous nous amusions aussi, et j’ai rarement connu le sens de la collégialité qui existait dans les deux équipes dont j’ai fait partie pendant les dix années que j’ai passées au sein de l’organisation. C’était quelque chose de spécial d’en faire partie. J’ai fini par quitter le navire-mère. En 2003, je suis allée travailler à l’Institut international pour la communication et le développement (IICD), l’un des partenaires de Bellanet en Europe. J’ai quitté Bellanet, remplacée par Silvia Caicedo et, par la suite, j’ai passé quelques années à travailler comme consultante en ICT4D (was there a French version of this?) et en communication à Bruxelles, avant de revenir à Montréal, de me marier et d’être mère en 2006. Peu après mon retour au Canada, j’ai commencé à travailler pour le Cree Board of Health and Social Services of James Bay (Creehealth.org), dans l’Eeyou Istchee, le territoire cri du nord du Québec. Mon rôle principal au sein de l’organisation a été celui de coordinatrice des communications, la sécurité culturelle étant au centre de l’approche de notre équipe en matière de communication sur la santé dans un contexte autochtone. Notre famille a vécu quelques années dans la nation crie de Mistissini, ce qui a été une expérience formidable. Je suis maintenant installée avec ma fille dans le quartier de Villeray, à Montréal, et j’apprécie le télétravail, tout en me rendant régulièrement « dans le nord », à Chisasibi ou à Mistissini. Je visite Ottawa de temps en temps et je reste en contact avec de vieux amis du CRDI et de Bellanet. Le fait de renouer avec le CRDI par l’intermédiaire de l’Association des anciens élèves m’a aidé à me sentir en contact avec la sphère internationale, ce qui me manque parfois dans mon travail actuel. Mais par-dessus tout, il est agréable d’être en contact avec les gens. Il me semble que le CRDI a rassemblé beaucoup de bonnes personnes, et nous avons beaucoup de choses à nous dire ! Bulletin 75 Janvier 2025