Fernando Chaparro : « Je ne peux pas m’arrêter de travailler »

Fernando Chaparro

Mon premier contact avec le CRDI a eu lieu de 1974 à 1976, comme coordonnateur de l’équipe colombienne du projet sur les instruments de politique scientifique et technologique, lancé avec Geoff Oldham, qui travaillait alors à l’université du Sussex. Ensuite, en 1981, j’ai été nommé directeur régional du bureau régional du CRDI pour l’Amérique latine et les Caraïbes (BRACO), qui se trouvait à l’époque à Bogota, en Colombie. Je garde un souvenir ému des visites faites sur les lieux de nombreux projets dans la région BRACO en compagnie d’Ivan Head, alors président du CRDI, et grand dirigeant, auprès duquel j’ai beaucoup appris.

L’expérience que j’ai acquise à travailler avec le Centre a été fantastique et a façonné le reste de ma carrière professionnelle. Outre le bureau du président, mon principal groupe de collègues à Ottawa était le Bureau de planification et d’évaluation (BPE), avec lequel j’ai travaillé en étroite collaboration. Avec Doug Daniels et l’équipe du BPE, nous avons développé des méthodologies très intéressantes dans le domaine de la planification de la recherche et de l’évaluation de l’incidence. En juin 1981, par exemple, nous avons organisé un important atelier international à Singapour sur l’allocation des ressources à la recherche agricole. Cet atelier a produit un excellent livre que j’utilise encore aujourd’hui comme référence.

Le travail que nous avons réalisé au cours de ces années a servi de base à de nombreux projets de recherche et développement de nature pragmatique que j’ai menés au cours des 40 dernières années. Ce travail s’est concentré sur le suivi et l’évaluation de l’incidence des politiques et projets de recherche et développement. De nombreux programmes de développement dans les pays du Sud se concentrent sur la conception, la mise en œuvre et la formulation de politiques. De ce fait, le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre des politiques, ou l’évaluation de l’incidence globale ne font souvent l’objet que de peu d’attention. J’utilise toujours les méthodologies que nous avons développées au cours de ces années, ce qui m’aide à promouvoir les processus d’apprentissage social.

1989 a été l’une des pires années de l’histoire colombienne, ce qui a entraîné de nombreux problèmes opérationnels pour le bureau régional. En conséquence, lors de l’assemblée générale du printemps 1989 à Ottawa, la décision a été prise de transférer le bureau régional de Bogota à Montevideo, en Uruguay. En tant que directeur régional, j’ai négocié un accord de pays avec le gouvernement de l’Uruguay pour le fonctionnement du bureau du CRDI à Montevideo. Avant la fin de l’année, nous avions transféré tout le personnel international à Montevideo, et nous avions conçu et mis en place le nouveau bureau régional. Nous avons également pu recruter et former une excellente équipe de personnel local. Je suis resté directeur régional jusqu’à mon départ du CRDI en 1992..

De retour en Colombie à la fin de l’année 1992, j’ai pu mettre en pratique un grand nombre des compétences que j’avais acquises au cours de mon séjour au Centre. De 1992 à 1994, j’ai été le premier directeur général de la Corporation colombienne de recherche agricole (Corpoica, aujourd’hui Agrosavia). Puis, de 1995 à 1999, j’ai été directeur général de Colciencias, l’agence colombienne de politique scientifique et technologique, qui est aujourd’hui le ministère de la science et de la technologie.

Ensuite, je suis revenu à la coopération internationale en matière de recherche agricole dans le cadre d’une initiative très intéressante organisée en collaboration avec le Conseil indien de la recherche agricole. Ce travail a abouti à la création du Forum mondial sur la recherche agronomique (GFAR), avec le soutien de la Banque mondiale, de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et d’un groupe de donateurs. Affecté au siège de la FAO à Rome, j’ai travaillé comme secrétaire exécutif du GFAR de 1999 à 2004. Nous avons mis en œuvre un éventail intéressant de projets de développement agricole et rural en Amérique latine et dans les Caraïbes, en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient. Dans le cadre de ces projets, j’ai pu appliquer un grand nombre des compétences et méthodologies que j’ai apprises et contribué à développer au cours de mes années au CRDI.

Depuis, j’ai travaillé pour trois universités colombiennes : l’Université de Rosario, l’Université nationale et l’Université Area Andina. Je travaille actuellement dans un programme innovant de développement rural au niveau territorial/local. Et aujourd’hui, plus que jamais, j’utilise les méthodologies d’évaluation d’incidence développées avec l’équipe du BPE pendant mon séjour au CRDI.

Je collabore aussi actuellement avec une grande initiative canadienne, un réseau international appelé GAMIP (l’Alliance mondiale des ministères et des infrastructures pour la paix). La GAMIP soutient des projets liés au renforcement de la paix au niveau des communautés locales dans diverses régions du monde. Par exemple, son projet de professionnalisme pour la paix vise à soutenir le développement des compétences et des méthodologies nécessaires à la construction de la paix.

Il semble que je ne puisse pas m’arrêter de travailler !

Bulletin 76
Avril 2025